Le marathon, c’est une tribu fugace qui se réunit pour pratiquer instinctivement l’activité ancestrale et vitale des humains, à savoir la chasse à l’épuisement.
Le marathon, c’est une tribu fugace !
Le 15 novembre 2019
Par Dr Sidy Diallo.
C’est la biologie qui explique tout. Des millions d’années d’évolution des espèces de la lignée humaine nous ont permis de disposer d’un corps parfaitement adapté à la course pieds nus, y compris sur l’asphalte, contrairement à la croyance populaire.
Le marathon, c’est une tribu fugace qui se réunit pour pratiquer instinctivement l’activité ancestrale et vitale des humains, à savoir la chasse à l’épuisement. Hélas !, la plupart des participants sont convaincus à tort qu’ils accomplissent un exploit, alors même que nous sommes les pires coureurs de toutes les espèces humaines, sans parler des blessures qui résultent du port de chaussures.
Les athlètes qui participaient aux Jeux olympiques antiques dans le berceau de la civilisation occidentale étaient d’ailleurs entièrement nus. Et, plus près de nous, le premier coureur pieds nus d’un marathon, Abebe Bikila, avait battu ses concurrents, ainsi que le record du monde. Malheureusement, il avait accepté par la suite de porter des baskets. Il finit alors par devenir la première victime légendaire des effets dévastateurs des chaussures, à cause de graves blessures qui sonnèrent le glas de sa carrière de coureur.
Et comme lui, de plus en plus de gens se voient contraints d’arrêter la course à pied pour cause de toutes sortes de blessures aux pieds, aux jambes ou à la colonne vertébrale.
Courir des marathons ne consiste pas à repousser des limites ou à faire ses preuves. Il s’agit de pratiquer, instinctivement ou consciemment, l’activité humaine vitale que nous n’aurions jamais dû cesser d’exercer et pour laquelle notre corps est parfaitement conçu, c’est-à-dire la course pieds nus sur de longues distances, y compris, contrairement à la croyance populaire, sur l’asphalte. Cela signifie que faire un marathon avec des chaussures équivaut à s’engager sur la voie des blessures et des douleurs. Nos ancêtres ont efficacement couru pieds nus pendant trois millions d’années pour attraper d’autres animaux à des fins de nourriture, et ils ont développé au cours de cette période la parfaite machine à courir pieds nus, dont nous avons tous hérité. Les chaussures agissent donc comme un bug dans le système.
Courir un marathon avec des chaussures, c’est risquer de se faire mal.
Comme je l’explique dans mon livre, Courir pieds nus pour sauver les humains, le port de chaussures dérègle la parfaite biomécanique du système neuromusculo-squelettique. Par conséquent, courir avec des baskets peut s’avérer insoutenable, à cause des dommages répétés qui en résultent, comme des ampoules aux pieds, des ongles cassés, des crampes, des blessures plus ou moins graves aux articulations, aux os, aux tendons et aux muscles, qui obligent malheureusement de plus en plus de personnes à arrêter de courir pour de bon. Abebe Bikila fut ainsi la première victime célèbre de ces effets dévastateurs, lorsque les blessures graves qu’il a subies en 1967 sonnèrent le glas de sa carrière de coureur un an plus tard.
Pour la plupart des gens qui courent avec des chaussures, leur corps peut tenir sur des distances comprises entre 5 et 10 km, mais pas sur des distances plus longues, ce qui fait parfois même du semi-marathon une épreuve qui laisse des traces sur certains coureurs chaussés. Quant au marathon, on constate facilement les dégâts au cours de la seconde moitié du parcours et, hélas, beaucoup plus après la ligne d’arrivée.
Le marathon de New York 2019 et la course de 5 km de la veille furent de bonnes illustrations de l’impact des chaussures sur les jambes et les pieds des coureurs au fur et à mesure de l’augmentation de la distance parcourue. J’ai fait les deux courses pieds nus, franchissant la ligne d’arrivée à Central Park sans fatigue, sans douleur, ni la moindre blessure. J’avais aussi couru pieds nus dans le parc pour des journalistes de l’AFP.
La plupart, si ce n’est tous les 10 344 finishers de la course de 5 km, n’ont par ailleurs subi aucune blessure majeure. Mais qu’en est-il des 53 513 finishers du marathon ?
En voyant, dans mon village de départ, beaucoup d’entre eux qui portaient de coûteuses chaussures rapides, je savais que c’était la mauvaise façon de renouer avec la chasse à l’épuisement, et qu’ils pourraient en payer le prix fort. À propos, le marathon de New York est étonnamment une reconstitution presque parfaite de la chasse à l’épuisement, ce qui en fait une expérience tribale très recherchée. Les gens sont donc venus de toute la planète pour former la plus grande tribu de chasseurs au monde.
Nous sommes arrivés, tôt le matin du dimanche 3 novembre, à Fort Wadsworth, à Staten Island, où l’on nous a réparti en trois tribus, en fonction de la couleur (bleue, orange et verte) de nos identités tribales, que l’humain moderne appelle dossards. Nous avons ensuite rejoint nos villages respectifs pour attendre le lancement de la grande chasse à travers les arrondissements de New York.
J’appartenais à la tribu bleue, alors je me suis réuni avec les autres membres de ma nouvelle communauté dans le village bleu, qui fut notre demeure pendant quelques heures. Il convient de souligner à cet effet que le terme « village », rappel instinctif de nos racines, est fréquemment utilisé par les organisateurs et les coureurs de marathon.
Les membres des trois tribus se lancèrent par vagues à la poursuite des gibiers, à partir de trois endroits différents. Ils traversèrent la baie par le pont de Verrazano pour atteindre Brooklyn, se retrouvèrent sur un parcours commun à partir du 13 km, poursuivirent leur route vers le Queens, arrivèrent dans Manhattan par le pont de Queensboro, se dirigèrent vers le nord jusqu’au Bronx. N’ayant toujours pas attrapé les gibiers, ils retournèrent à Manhattan, terminèrent la chasse à Central Park et y reçurent l’immense récompense humaine, à savoir les endorphines qui nous rendent naturellement si heureux. Chaque chasseur ou chasseuse a ensuite reçu sa proie, qu’il ou elle a traquée sur 42,2 km. Il s’agit évidemment de la médaille que certains mordent instinctivement, comme si elle était une vraie proie. C’est le trophée de chasse, et beaucoup en resteront fiers à vie.
Mais, alors que les chasseurs chaussés se sentaient si heureux d’avoir réussi à franchir la ligne d’arrivée, beaucoup d’entre eux avaient souffert, à des degrés différents, sur le parcours et continueraient probablement à souffrir pendant des jours, voire des semaines. Cela signifie que si nos ancêtres portaient des chaussures, ils ne pourraient pas chasser aussi souvent afin d’obtenir suffisamment de nourriture pour survivre. Autrement dit, les espèces humaines auraient été éteintes depuis fort longtemps. Nous ne serions donc pas ici aujourd’hui pour épiloguer sur la course pieds nus.
Quant à moi, j’ai chassé pieds nus, comme nos ancêtres, et j’ai terminé mon 8e marathon pieds nus en 8 semaines en un temps de 4 h 40 min 13 s, et comme les 7 marathons précédents, sans fatigue, sans douleur et sans la moindre blessure. J’étais donc prêt à refaire la chasse, si c’était nécessaire. En d’autres termes, ce fut comme cela devrait toujours être, c’est-à-dire une agréable promenade dans le bois. Et je portais, comme d’habitude depuis 2015, la tenue inhabituelle ouest-africaine, appelée tchaya. Brynda Mara, une coureuse podonudiste animée des mêmes idées, a effectué la course également en « tenue tribale ».
Certains pourraient, certes, prétendre que mon temps n’était pas assez rapide. Mais, outre le fait que j’ai terminé mon 8e marathon en 8 semaines dans la première moitié de mon groupe d’âge (60 à 64 ans), et plus rapidement que plus de 22 000 chasseurs chaussés, l’asphalte de New York s’est avéré un véritable défi pour de nouveaux coureurs podonudistes. À titre de comparaison, trois semaines plus tôt, j’avais effectué le marathon de Chicago 2019 pieds nus en 3 h 57 min 23 s, soit plus de 7 minutes plus vite que mon temps de qualification pour le marathon de Boston. Et j’avais couru, le 23 septembre 2018 à Montréal, mon premier marathon pieds nus en Amérique du Nord continentale en 3 h 37 min 41 s, battant mon temps de qualification pour le marathon de Boston par plus de 27 minutes.
En somme, puisque le marathon est une forme moderne d’activité tribale, la bonne façon de le faire est la méthode tribale, c’est-à-dire sur nos pieds nus. Et pour cela, nous n’avons même pas besoin de retirer nos chaussures, simplement, nous ne les mettons pas.
Nous pourrons alors clamer, très fièrement, haut et fort que NOUS SOMMES LA TRIBU !
Par Dr Sidy Diallo.
C’est la biologie qui explique tout. Des millions d’années d’évolution des espèces de la lignée humaine nous ont permis de disposer d’un corps parfaitement adapté à la course pieds nus, y compris sur l’asphalte, contrairement à la croyance populaire.
Le marathon, c’est une tribu fugace qui se réunit pour pratiquer instinctivement l’activité ancestrale et vitale des humains, à savoir la chasse à l’épuisement. Hélas !, la plupart des participants sont convaincus à tort qu’ils accomplissent un exploit, alors même que nous sommes les pires coureurs de toutes les espèces humaines, sans parler des blessures qui résultent du port de chaussures.
Les athlètes qui participaient aux Jeux olympiques antiques dans le berceau de la civilisation occidentale étaient d’ailleurs entièrement nus. Et, plus près de nous, le premier coureur pieds nus d’un marathon, Abebe Bikila, avait battu ses concurrents, ainsi que le record du monde. Malheureusement, il avait accepté par la suite de porter des baskets. Il finit alors par devenir la première victime légendaire des effets dévastateurs des chaussures, à cause de graves blessures qui sonnèrent le glas de sa carrière de coureur.
Et comme lui, de plus en plus de gens se voient contraints d’arrêter la course à pied pour cause de toutes sortes de blessures aux pieds, aux jambes ou à la colonne vertébrale.
Courir des marathons ne consiste pas à repousser des limites ou à faire ses preuves. Il s’agit de pratiquer, instinctivement ou consciemment, l’activité humaine vitale que nous n’aurions jamais dû cesser d’exercer et pour laquelle notre corps est parfaitement conçu, c’est-à-dire la course pieds nus sur de longues distances, y compris, contrairement à la croyance populaire, sur l’asphalte. Cela signifie que faire un marathon avec des chaussures équivaut à s’engager sur la voie des blessures et des douleurs. Nos ancêtres ont efficacement couru pieds nus pendant trois millions d’années pour attraper d’autres animaux à des fins de nourriture, et ils ont développé au cours de cette période la parfaite machine à courir pieds nus, dont nous avons tous hérité. Les chaussures agissent donc comme un bug dans le système.
Courir un marathon avec des chaussures, c’est risquer de se faire mal.
Comme je l’explique dans mon livre, Courir pieds nus pour sauver les humains, le port de chaussures dérègle la parfaite biomécanique du système neuromusculo-squelettique. Par conséquent, courir avec des baskets peut s’avérer insoutenable, à cause des dommages répétés qui en résultent, comme des ampoules aux pieds, des ongles cassés, des crampes, des blessures plus ou moins graves aux articulations, aux os, aux tendons et aux muscles, qui obligent malheureusement de plus en plus de personnes à arrêter de courir pour de bon. Abebe Bikila fut ainsi la première victime célèbre de ces effets dévastateurs, lorsque les blessures graves qu’il a subies en 1967 sonnèrent le glas de sa carrière de coureur un an plus tard.
Pour la plupart des gens qui courent avec des chaussures, leur corps peut tenir sur des distances comprises entre 5 et 10 km, mais pas sur des distances plus longues, ce qui fait parfois même du semi-marathon une épreuve qui laisse des traces sur certains coureurs chaussés. Quant au marathon, on constate facilement les dégâts au cours de la seconde moitié du parcours et, hélas, beaucoup plus après la ligne d’arrivée.
Le marathon de New York 2019 et la course de 5 km de la veille furent de bonnes illustrations de l’impact des chaussures sur les jambes et les pieds des coureurs au fur et à mesure de l’augmentation de la distance parcourue. J’ai fait les deux courses pieds nus, franchissant la ligne d’arrivée à Central Park sans fatigue, sans douleur, ni la moindre blessure. J’avais aussi couru pieds nus dans le parc pour des journalistes de l’AFP.
La plupart, si ce n’est tous les 10 344 finishers de la course de 5 km, n’ont par ailleurs subi aucune blessure majeure. Mais qu’en est-il des 53 513 finishers du marathon ?
En voyant, dans mon village de départ, beaucoup d’entre eux qui portaient de coûteuses chaussures rapides, je savais que c’était la mauvaise façon de renouer avec la chasse à l’épuisement, et qu’ils pourraient en payer le prix fort. À propos, le marathon de New York est étonnamment une reconstitution presque parfaite de la chasse à l’épuisement, ce qui en fait une expérience tribale très recherchée. Les gens sont donc venus de toute la planète pour former la plus grande tribu de chasseurs au monde.
Nous sommes arrivés, tôt le matin du dimanche 3 novembre, à Fort Wadsworth, à Staten Island, où l’on nous a réparti en trois tribus, en fonction de la couleur (bleue, orange et verte) de nos identités tribales, que l’humain moderne appelle dossards. Nous avons ensuite rejoint nos villages respectifs pour attendre le lancement de la grande chasse à travers les arrondissements de New York.
J’appartenais à la tribu bleue, alors je me suis réuni avec les autres membres de ma nouvelle communauté dans le village bleu, qui fut notre demeure pendant quelques heures. Il convient de souligner à cet effet que le terme « village », rappel instinctif de nos racines, est fréquemment utilisé par les organisateurs et les coureurs de marathon.
Les membres des trois tribus se lancèrent par vagues à la poursuite des gibiers, à partir de trois endroits différents. Ils traversèrent la baie par le pont de Verrazano pour atteindre Brooklyn, se retrouvèrent sur un parcours commun à partir du 13 km, poursuivirent leur route vers le Queens, arrivèrent dans Manhattan par le pont de Queensboro, se dirigèrent vers le nord jusqu’au Bronx. N’ayant toujours pas attrapé les gibiers, ils retournèrent à Manhattan, terminèrent la chasse à Central Park et y reçurent l’immense récompense humaine, à savoir les endorphines qui nous rendent naturellement si heureux. Chaque chasseur ou chasseuse a ensuite reçu sa proie, qu’il ou elle a traquée sur 42,2 km. Il s’agit évidemment de la médaille que certains mordent instinctivement, comme si elle était une vraie proie. C’est le trophée de chasse, et beaucoup en resteront fiers à vie.
Mais, alors que les chasseurs chaussés se sentaient si heureux d’avoir réussi à franchir la ligne d’arrivée, beaucoup d’entre eux avaient souffert, à des degrés différents, sur le parcours et continueraient probablement à souffrir pendant des jours, voire des semaines. Cela signifie que si nos ancêtres portaient des chaussures, ils ne pourraient pas chasser aussi souvent afin d’obtenir suffisamment de nourriture pour survivre. Autrement dit, les espèces humaines auraient été éteintes depuis fort longtemps. Nous ne serions donc pas ici aujourd’hui pour épiloguer sur la course pieds nus.
Quant à moi, j’ai chassé pieds nus, comme nos ancêtres, et j’ai terminé mon 8e marathon pieds nus en 8 semaines en un temps de 4 h 40 min 13 s, et comme les 7 marathons précédents, sans fatigue, sans douleur et sans la moindre blessure. J’étais donc prêt à refaire la chasse, si c’était nécessaire. En d’autres termes, ce fut comme cela devrait toujours être, c’est-à-dire une agréable promenade dans le bois. Et je portais, comme d’habitude depuis 2015, la tenue inhabituelle ouest-africaine, appelée tchaya. Brynda Mara, une coureuse podonudiste animée des mêmes idées, a effectué la course également en « tenue tribale ».
Certains pourraient, certes, prétendre que mon temps n’était pas assez rapide. Mais, outre le fait que j’ai terminé mon 8e marathon en 8 semaines dans la première moitié de mon groupe d’âge (60 à 64 ans), et plus rapidement que plus de 22 000 chasseurs chaussés, l’asphalte de New York s’est avéré un véritable défi pour de nouveaux coureurs podonudistes. À titre de comparaison, trois semaines plus tôt, j’avais effectué le marathon de Chicago 2019 pieds nus en 3 h 57 min 23 s, soit plus de 7 minutes plus vite que mon temps de qualification pour le marathon de Boston. Et j’avais couru, le 23 septembre 2018 à Montréal, mon premier marathon pieds nus en Amérique du Nord continentale en 3 h 37 min 41 s, battant mon temps de qualification pour le marathon de Boston par plus de 27 minutes.
En somme, puisque le marathon est une forme moderne d’activité tribale, la bonne façon de le faire est la méthode tribale, c’est-à-dire sur nos pieds nus. Et pour cela, nous n’avons même pas besoin de retirer nos chaussures, simplement, nous ne les mettons pas.
Nous pourrons alors clamer, très fièrement, haut et fort que NOUS SOMMES LA TRIBU !